L’éducation des futurs dirigeants d’Haïti à l’École de Choix

Récit d’un séjour humanitaire inoubliable à Haïti par une employée de BCD Travel.

Par Antje Gasster, director EMEA Media & Events chez BCD Travel

« Puis-je emprunter votre crayon un instant ? » Nous sommes au mois de janvier et je suis en train de remplir les documents de voyage pour Haïti alors que j’entame la conversation avec Jason, mon voisin, sur ce vol de trois heures entre Atlanta et Port-au-Prince.

Jason travaille au sein d’un groupe à but non lucratif qui apporte des soins médicaux aux habitants d’Haïti. « Je viens arracher des dents. Et vous ? », me demande Jason. Je lui parle des neufs employés de BCD Travel, des « ambassadeurs », qui viennent rendre visite à L’École de Choix de Mirebalais pour peindre les bâtiments et recueillir des témoignages pour nos collègues à notre retour.

Le Projet Haïti de BCD Travel apporte son soutien à l’École de choix. L’année dernière, 50 000 US$ ont été levés pour l’école par les employés du monde entier ; soit une partie des 750 000 US$ promis par la BCD Travel Foundation pour financer des actions sur cinq ans.

Sur le point d’atterrir, Jason se penche gentiment en arrière pour me permettre d’avoir un premier aperçu par la fenêtre. Je vois des montagnes brunes et de l’eau. Le bleu du ciel est radieux. Haïti signifie « Terre des hautes montagnes ». Il s’agit du pays le plus pauvre de l’hémisphère ouest, miné par les catastrophes naturelles, la corruption du gouvernement et son héritage colonial.

     
Image à gauche : Les enfants se lavent les mains avec du savon et de l’eau pour éviter les dangers de la diphtérie. Image à droite : Élèves en ligne pour l’assemblée.

Des avancées au cœur de la désolation

Nous atterrissons et passons près d’un avion depuis longtemps oublié sous le lierre. Quelque part près de nous, quelque chose brûle ; une colonne épaisse de fumée noire tournoie à plusieurs mètres du sol. Je retrouve mes collègues BCD. À mesure que nous descendons de l’avion, l’humidité de l’air tropical nous coupe le souffle.

Il y a foule dans le hall d’entrée. Nous sommes attendus par la directrice de l’École de choix, puis nous quittons l’aéroport dans un convoi de Toyota tout terrain. J’observe les gens qui vendent de tout, des bottes d’occasion, des masques vaudous, évoluant au milieu des détritus et des chiens errants affamés. Des motos aux chromes rutilants font la course dans des rues truffées de cratères.

Nous quittons Port-au-Prince sans nous en rendre compte. La population est aussi dense dans les régions environnantes que dans la capitale. Arrivés à l’hôtel, le conducteur me demande : « Ce n’est pas si terrible, n’est-ce pas ? ». Il parle des conditions, et sur le coup, je reste sans voix. Mais au cœur de la désolation, les progrès sont là. La musique et l’art redonnent de la vie dans les rues. Finalement j’acquiesce, non, ce n’est pas si terrible.

L’école est une oasis

Il est 6 heures, Haïti s’éveille. De retour dans nos Toyota, nous parcourons les rues bondées encombrées de tap-tap, ces taxis aux couleurs vives sur les toits desquels certains transportent même des voyageurs. Une heure plus tard, nous atteignons le Mont Kabwit, ce qui signifie « la montagne aux chèvres ». Il y a du bétail partout. Nous voyons peu d’arbres : la déforestation est un problème mais des solutions sont en cours de développement. Nos vitres sont recouvertes d’une poussière épaisse. Nous ne nous arrêtons pas durant tout le trajet qui dure deux heures. Notre convoi arrive finalement à Mirebalais et à l’École de Choix.

Passé le portail gardé de l’école, une oasis apparaît soudainement devant nous : des palmiers, des bananiers, des bougainvilliers blancs et roses. Le personnel de l’école nous accueille en souriant. L’assemblée du matin a commencé, nous posons donc rapidement nos bagages. 180 élèves environ, de 6 à 16 ans, sont alignés dans la cantine de l’école, un grand espace ouvert et ombragé. Ils écoutent poliment l’infirmière scolaire de l’école qui explique les dangers de la diphtérie et l’importance d’une bonne hygiène.

« Lavez-vous toujours les mains avec du savon et de l’eau », insiste-t-elle. Les élèves sont concentrés… jusqu’au moment où ils nous remarquent. Émerveillement réciproque. Leurs shorts et leurs polos arborent de joyeuses nuances de bleu, vert, rouge ou jaune. Nous sommes bien moins colorés et sentons suspicieusement l’anti-moustiques.

Chaque élève reçoit deux polos chaque année. Ils choisissent les couleurs. La directrice de l’école mentionne que le ministère de l’éducation a critiqué l’absence d’uniforme traditionnel. Il s’agit d’une des actions menées différemment à l’école de Choix, l’une des quelques écoles laïques d’Haïti.

     
Image à gauche : Les ambassadeurs de BCD peignent les murs extérieurs. Image à droite : Élèves de sixième année.

Le déjeuner est une motivation

La directrice de l’école nous présente : « Bienvenue à nos amis de BCD ! Ils sont venus embellir notre école et faire en sorte qu’elle dure plus longtemps. » Nous saluons de la main. Quelques élèves nous saluent en retour. Les plus jeunes sont les premiers à dépasser leur timidité. Après l’assemblée, les cours débutent et nous commençons à peindre les fenêtres, les portes et les clôtures. Les enfants viennent nous observer pendant les récréations. Ils rient lorsque nous renversons la peinture ; leurs sourires remplissent nos cœurs.

Nous avons fait et vu tant de choses que nous avons l’impression d’avoir déjà passé une journée entière à l’école, alors que l’heure du déjeuner ne fait que sonner. Il est 11 h 30. Au menu : poulet au riz et betterave accompagné d’une limonade bien fraîche. Le repas des enfants est organisé en services, des plus jeunes aux plus âgés. Le plat chaud du midi et l’encas du matin incitent les parents à envoyer leurs enfants à l’école tous les jours.

Le terrain de basket financé par BCD se remplit, en dépit de la chaleur. Une pergola, également financée par BCD, apporte de l’ombre aux enfants qui jouent au foot et au hula-hoop. « Le jeu est important car il compense tout le temps assis dans la classe », explique la directrice de l’école. « Il s’agit également d’un élément essentiel de notre concept éducatif puisqu’il apprend la coopération et le travail d’équipe ; il prépare ainsi les étudiants au leadership. »

Des étudiants assoiffés se désaltèrent grâce à de grosses citernes. Les parents y remplissent souvent leurs propres bidons lorsqu’ils viennent chercher leurs enfants l’après-midi. Certains Haïtiens doivent acheter de l’eau potable ou en puiser dans des rivières ou des ruisseaux potentiellement contaminés avant de la traiter avec des comprimés de purification, quand la famille en a les moyens. Le choléra s’est rapidement propagé à Haïti à la suite du passage d’un ouragan en octobre 2016. L’ouragan a également ravagé les cultures et les potagers familiaux, rendant les Haïtiens encore plus tributaires des aides alimentaires.

Une cloche sonne. La récréation est terminée pour les enfants, comme pour nous. Pendant que nous continuons à peindre portes et fenêtres, nous entendons les leçons qui sont dispensées dans les classes. Les enfants récitent des textes et chantent. Nous restons silencieux et sommes attentifs à tout.

     
Image à gauche : Les ambassadeurs de BCD  en train de jouer avec les élèves. Image à droite : Élèves de première année de L’Ecole de Choix, Haïti.

Garantir l’éducation des garçons et des filles

La proportion de filles et de garçons dans l’école est volontairement de 50-50, un équilibre rendu possible par le lissage des frais de scolarité sur toute l’année. Si tous les frais devaient être réglés au même moment, nombre de familles n’enverraient que leurs fils.

L’école se termine à 15 h 00. Certains enfants habitant à proximité rentrent à pied, d’autres montent dans le bus scolaire qui dessert Mirebalais. Plus tard, le même bus scolaire nous conduit à l’hôtel. Nous dînons et, à 19 h 30, nous sommes épuisés. Nous avons l’impression qu’il est 2 h du matin. Les journées sont longues à Haïti.

De retour le lendemain pour terminer nos travaux de peinture, nous déjeunons du ragoût de chèvre traditionnel et échangeons avec un instituteur qui nous explique que ses collègues et lui participent régulièrement à des ateliers didactiques organisés à l’école. L’attention portée à la formation continue des enseignants donne à l’École de Choix une place à part parmi les autres écoles du pays.

Le terrain de basket est à nouveau rempli. Cette fois, nous, les ambassadeurs, entrons dans le jeu. Tout le monde s’amuse beaucoup. Nous prenons encore des photos : nous serons bientôt sur le départ et nous souhaitons emporter des souvenirs.

Au revoir

Le matin suivant, nous participons à l’assemblée. Nous disons au revoir aux enfants avant de reprendre le chemin des montagnes à destination de Port-au-Prince. Nous faisons un détour pour visiter les ateliers de Papillon Enterprise où les habitants confectionnent de jolis bracelets à partir de paquets de céréales recyclés. BCD vend ces bracelets pour financer l’École de Choix.

Ces quatre jours nous ont semblé quatre semaines. Nous quittons Haïti convaincus que notre entreprise est impliquée dans une action admirable et importante.

Antje Gasster

Antje Gasster est director EMEA Media & Events pour BCD Travel. Elle est basée à Brême, en Allemagne. Regardez une vidéo sur l’École de Choix et découvrez l’engagement de BCD envers les enfants qui deviendront les futurs dirigeants d’Haïti sur bcdhaiti.com.

 

 

 

 

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