Un amour profond pour la mer et un esprit aventurier ont conduit Ally Cedeno vers une carrière maritime. Son désir de nouer des liens avec d’autres femmes des secteurs maritime et offshore l’a incitée à créer Women Offshore, une organisation à but non lucratif pour les femmes travaillant dans le milieu maritime. Dans cet entretien, Mme Cedeno évoque ses 10 années de carrière en tant que marin et de sa vision de l’organisation Women Offshore.
Qu’est-ce qui vous a inspiré à créer Women Offshore ?
J’ai passé 10 ans en mer, souvent en tant que seule femme à bord ou presque. Travailler sur un bateau est déjà en soi une expérience d’isolement, et l’isolement social m’a parfois amené à penser que je n’avais rien à faire dans ce secteur. Cela a changé en 2015, lorsque j’ai rejoint un navire avec plusieurs femmes à bord. Sans nous en rendre compte, nous nous sommes mutuellement soutenues. J’ai ressenti un niveau de camaraderie et un sentiment d’appartenance que je n’avais jamais connus auparavant. Je me suis épanouie sur ce navire. J’ai été promue et je me suis vite retrouvée à bord d’un nouveau navire en construction en Corée du Sud. Et ça a recommencé. J’étais la seule femme à bord. Je voulais que cela change parce que je m’appuyais sur les femmes que j’avais rencontrées à bord du précédent navire. J’ai réalisé que si je pouvais créer des liens avec elles et d’autres personnes en ligne, le sentiment d’appartenance et la camaraderie que j’avais découverts pourraient sans doute être partagés avec toutes les femmes qui travaillent déjà dans le secteur ou envisagent de le faire. C’est à ce moment que Women Offshore est né.
Parlez-nous des valeurs et des objectifs de l’organisation.
Nos valeurs sont de responsabiliser et de connecter les femmes marins du monde entier. Notre objectif est de répondre aux besoins individuels, en particulier des femmes manquant de confiance et qui pensent ne pas avoir leur place dans le monde maritime. Je souhaite utiliser Women Offshore pour surmonter ce manque de confiance et démontrer que les femmes peuvent s’épanouir dans les secteurs maritime et de l’énergie offshore.
Comment avez-vous commencé à vous impliquer dans les secteurs offshore et maritime ?
Mon père m’a appris à naviguer quand j’avais 6 ou 7 ans. Je me souviens que j’étais à côté de lui sur un quai et que je regardais le petit voilier qu’il m’avait préparé. Il me donnait des instructions spécifiques et m’a ensuite aidé à monter dans le bateau. Ce jour-là, je suis tombée amoureuse de la voile et j’ai su que je devais passer ma vie sur l’eau.
Parlez-nous des services que vous proposez chez Women Offshore…
Nous sommes une organisation à but non lucratif, mettent en relation plus de 500 femmes marins par le biais d’une communauté en ligne, y compris avec un programme de mentorat virtuel pour 150 femmes marins dans le monde. Nous organisons par ailleurs une conférence annuelle à Houston. Cette année, nous avons accueilli près de 200 participants, dont des hommes, venant de 20 pays. Ce n’était que notre deuxième conférence et je ne pouvais pas être plus fière de la manière dont elle s’est déroulée.
Quels défis avez-vous rencontrés en tant que travailleuse offshore ? Qu’est-ce qui vous a aidé à les surmonter ?
Être la seule femme à bord peut être une expérience isolante. J’ai connu cette situation dans ma propre carrière et je l’ai observée lors d’entretiens avec des femmes du monde entier. Malheureusement, les préjugés, la discrimination et les abus envers les femmes existent dans l’ensemble du secteur maritime et chacun de ces problèmes peut détourner les femmes d’une carrière à long terme. Women Offshore connecte une communauté à la fois en ligne et en personne pour offrir un soutien, de la compréhension et des ressources permettant de surmonter l’isolement social et physique du travail en mer.
Lorsque je voyage, plus particulièrement quand je vais au large, les voyages peuvent se révéler compliqués. Un vol ne vous emmène qu’à un point donné. Pour arriver sur le navire ou le bateau de destination, il peut y avoir un vol charter, un trajet en hélicoptère, un transfert en bus ou en bateau. Les organisations pour lesquelles je travaille ont plusieurs équipes en place pour gérer tous les déplacements et la logistique nécessaires pour que je me puisse me rendre au travail.
Les activités de BCD récemment étoffées dans les domaines de l’énergie, des ressources et de la marine sont un exemple de premier ordre d’une agence qui donne la priorité à la sécurité des voyages vers des destinations intrinsèquement risquées et à la satisfaction des besoins particuliers du personnel et des voyageurs d’affaires.
Qu’est-ce que les femmes devraient savoir ou prendre en compte avant de poursuivre une carrière dans les industries offshore et maritime ?
Les possibilités de carrière à long terme pour les femmes ne manquent pas dans ce secteur à prédominance masculine. Vous seriez surpris de voir comment les femmes réalisent la carrière de leurs rêves sur l’eau. Pour en savoir plus à ce sujet, rendez-vous sur WomenOffshore.org.
Comment aimeriez-vous voir le secteur évoluer ?
J’aimerais voir plus d’entreprises énoncer publiquement leurs objectifs en matière de diversité et leurs efforts pour créer un environnement inclusif. C’était passionnant de voir celles qui l’ont fait et comment elles s’y sont prises pour atteindre leurs objectifs.
Quelle est la première chose que les entreprises peuvent faire pour aider les femmes travaillant à l’étranger ?
Un lieu de travail respectueux pour tous est le soutien ultime pour les femmes qui travaillent en mer. Soutenir les femmes sur le lieu de travail se résume à créer un environnement de travail inclusif reposant sur de multiples priorités, notamment :
- Recruter activement plus de femmes sur le terrain
- S’assurer que les embauches et les promotions sont équitables
- Développer et sélectionner des leaders qui défendent la diversité
- Des programmes de mentorat formels et informels
- Mise en application de politiques de sécurité personnelle
- Formation au leadership
Parlez-nous de votre expérience de voyage d’affaires la plus mémorable.
J’ai travaillé par rotation sur un chantier naval en Corée du Sud pendant environ 6 mois en 2017. Chaque mois, je voyageais de Seattle à la Corée du Sud. La plupart des voyages étaient faciles ; les vols arrivaient et partaient en douceur et à l’heure. À l’occasion, je m’aventurais même à l’extérieur de la ville pour en apprendre davantage sur la culture et admirer la magnifique campagne.
Une question amusante : Qu’est-ce que vous emportez toujours en voyage ?
J’emmène presque toujours un bon oreiller de cou. J’ai opté pour un modèle qui enveloppe ma tête et la soutient lorsque je dors sur les longs vols.
